Les coulisses de l’Envolée

Les coulisses de l’Envolée

LA GENÈSE DU PROJET

L’histoire a débuté le 13 mars 2020.  Ce jour-là, le Québec était mis sur « pause » afin de mettre un frein à la COVID-19. On nous disait « Restez à la maison », « Lavez-vous les mains » et, un plus tard, « Mettez votre masque ».  Au départ, nous avions pris au sérieux cette menace, mais au fond de nous, nous espérions que cela ne soit qu’un petit feu de paille.  L’histoire nous prouvera le contraire.

Entre le 15 avril et le 2 juin 2020, pas moins de 33 résidents sont décédés directement ou indirectement de la COVID.  Nous avons perdu brutalement des frères, des amis, d’anciens collègues avec qui nous avons partagé des conversations, des éclats de rire, qui nous ont quittés en moins de deux mois. Ce fut un dur coup pour nous tous. 

Au cours des mois, voire même des années qui ont suivi cette période, tous les employés et bénévoles ont investi sans relâche beaucoup d’énergie afin de protéger les résidents d’une nouvelle vague de la covid.  Au cours de l’été 2022, après quelques discussions avec M. Jean-Pierre Tremblay, alors directeur général de la Résidence De La Salle, nous avons conclu qu’il faudrait souligner le travail et le courage de tous les employés et bénévoles présents sur le terrain au cours de la crise. Et, il fallait aussi souligner le courage et la résilience des résidents. Mais comment ?  Bien sûr, nous leur avons signifié notre appréciation, en payant des primes, des bonis, en leur donnant des cadeaux. Mais cela ne pouvait pas pallier pour tout le stress et les effets psychologiques qui en ont découlé. 

En novembre 2022, le Fonds Arthur-Bonenfant, corporation propriétaire de la Résidence de La Salle a reçu un projet : produire une œuvre d’art afin de rendre hommage à tout le personnel et aux bénévoles pour leurs efforts intenses, et aux résidents religieux qui ont vécu les nombreux couvre-feux.

Le mandat de trouver cette œuvre d’art m’a été incombé.  Qu’allions-nous produire ?  Une peinture ?  Une sculpture ?  Une plaque avec les noms des religieux décédés ainsi que tous les intervenants ?  

Pendant plusieurs semaines, cela m’est resté en tête. Ce que je recherchais, c’était d’obtenir une œuvre qui sortirait du cadre, c’est-à-dire une oeuvre éclatée et vivante.  Le hasard a voulu qu’un après-midi pluvieux du mois d’août 2023, je tombe sur une émission française à TV5 où l’on présentait des artistes québécois qui avaient produit ce que l’on appelle des « arts de la rue ».  Je suis resté rivé à l’écran au moment où j’ai vu apparaître une personne présentée sous le joli nom de la « fée des trottoirs ».  Son œuvre était d’embellir les « craques » de trottoirs de petites créations faites en céramique.  Je trouvais l’idée intéressante. Comme on le disait lors de la crise de la COVID, « j’ai fait mes recherches » et j’ai retrouvé cette personne qui avait pour nom Laurence Petit.  Non seulement est-elle la fée des trottoirs, mais il s’avère qu’elle est aussi une céramiste de talent.  Après avoir montré ses œuvres à des collègues et amis, je l’ai contacté et celle-ci a rapidement démontré de l’intérêt pour ce projet.

Un comité composé de résidents, de Chantal Malo (infirmière en chef), de Nancy Lavoie (directrice des archives) ainsi que moi-même, a été formé. Nous nous sommes rencontrées à quelques occasions afin de discuter du projet. Mme Laurence Petit nous a écoutés raconter nos souvenirs marquants de cette période difficile, en plus de tenir compte de nos désirs pour finalement nous présenter quelques mois plus tard la maquette de « L’Envolée ».  Le comité a été conquis, l’œuvre présentée représentait bien ce que nous souhaitions exprimer: pouvoir nous projeter, avec les péripéties vécues, vers un avenir heureux, tout en gardant le souvenir de ceux qui nous ont quittés.

Nous avons choisi d’exposer cette œuvre intemporelle dans ce lieu même où nous nous trouvons, la Salle Toussaint-Dufresne. Nous avons choisi ce lieu en raison d’un devoir de mémoire. Plusieurs d’entre vous s’en souviennent, la grande majorité des résidents décédés en 2020 nous ont quittés ici, dans cette même salle. Nous pouvons donc espérer qu’une partie de leur âme y est toujours présente.

Cette œuvre de Madame Petit, tant pour les religieux résidents, les employés et les bénévoles qui ont vécu la crise, se veut être une sorte de baume. L’expression « Après la pluie, il y a le beau temps », est un peu l’idée qui sous-tend notre intention initiale, qui est maintenant reflétée à travers « l’Envolée ».   Pour les années à venir, lorsque les souvenirs s’effaceront, les visiteurs, les nouveaux employés et les résidents pourront donner à « l’Envolée » leur propre interprétation.

En terminant, je tiens à remercier le conseil d’administration du Fonds Arthur-Bonenfant, qui a accepté de financer cette œuvre. Je remercie aussi Frère Florent Gaudreault, Visiteur des Frères des Écoles Chrétiennes du Canada francophone, qui a aimablement accepté que l’on puisse l’installer à l’endroit où vous la voyez. Je tiens également à remercier toutes les personnes qui ont participé de près ou de loin au projet. Grâce à vous tous, c’est devenu une réalité.  Finalement, merci à Mme Laurence Petit, qui a su réellement nous écouter et produire une œuvre sensible et riche de sens.

Jean-Baptiste de La Salle, fondateur des Frères des Écoles Chrétiennes, a dit dans ses Méditations : « Vous exercez un emploi qui vous met dans l’obligation de toucher les cœurs ».  J’espère que l’Envolée saura toucher le vôtre.

Eric Boisclair
Président Fonds Arthur-Bonenfant
Ex-président Gestion Walter-Vanier (2016-2022)
Vendredi, le 8 novembre 2024

TÉMOIGNAGES ET ALLOCUTIONS LORS DU DÉVOILEMENT DE L’OEUVRE

Qui est l’artiste auteure de l’Envolée?

Biographie de Laurence Petit:
Laurence Petit fonde en 2006 l’atelier Gogofrisette. Artiste autodidacte, elle parfait sa technique à Montréal, Philadelphie, Barcelone, San Francisco et Chicago. Boursière de plusieurs prix en entrepreneuriat, elle dirige en 2009 une première murale d’envergure aux Habitations Jeanne‐Mance en collaboration avec MU. Elle crée aujourd’hui des œuvres sur mesure pour ses clients, dirige des projets scolaires et communautaires et réalise en 2022 une première sculpture pour Beauce Art : L’International de sculptures.
Site internet de Laurence Petit (connue aussi sous le nom de Gogofrisette) :
https://www.gogofrisette.ca/

Vision de l’artiste, Laurence Petit:

Plaque qui accompagne l’oeuvre:

L’artiste qui donne les consignes de réalisation de parties de mosaïque:

Nos frères disparus:

Le processus créatif que les Frères de la maison prennent très au sérieux:

La galerie de photos